Au Bassins des Lumières à Bordeaux, le peintre catalan est la vedette du programme long. Une odyssée ludique et numérique qui propose aux visiteurs une immersion totale dans l’œuvre de l’une des icônes de l’art du XXe siècle.
Salvador Dalí n’était certainement pas un artiste qui avait du mal à sortir de sa coquille. Le génial peintre catalan était plutôt du genre fantasque qu’introverti, multipliant les frasques médiatiques et les coups d’éclats picturaux.
Dès lors, rien de plus normal que de le voir dès les premières images de l’exposition immersive qui lui est consacrée sortir d’un œuf, un objet qui lui était cher, pour s’écrier vouloir « Être Dieu !! ». Jusqu’au 7 janvier 2024, le programme long « Dalí, l’énigme sans fin », aux Bassins des Lumières, à Bordeaux, revient sur plus de 60 ans de carrière de cette icône de l’histoire de l’art du XXe siècle.
Une œuvre découpée en douze parties
Une tâche herculéenne découpée en douze parties par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi, créateurs de cette nouvelle séance numérique animée. Elle a par ailleurs été réalisée avec la complicité de la fondation Gala-Salvador Dalí. Un cénacle de la mémoire et de la promotion de son œuvre que Salvador Dalí a lui-même créé et présidé jusqu’à sa mort en 1989.
C’est là-bas que se trouve l’inamovible installation « Visage de Mae West pouvant être utilisé comme appartement ».L’immersion proposée par la mise en scène et l’animation vidéo de Cutback sur les parois de la Base sous-marine permettent de se croire à l’intérieur de cette œuvre dont les différentes pièces de mobilier reprennent les traits de l’actrice hollywoodienne Mae West (1893-1980).
Un lieu à la hauteur de la démesure de Dalí
Le lieu est d’ailleurs à la hauteur de la démesure affichée du marquis de Púbol. Un temple de béton armé indestructible, repris en main et réaménagé par la société Culturespaces. Après un prologue et un passage par Cadaqués pour y admirer certaines de ses œuvres de jeunesse, le centre d’art numérique déploie les multiples facettes de l’artiste.
Défilent certaines des fantasmagories du surréaliste catalan qui explosent sur les murs de la Base sous-marine, passant tour à tour les images de ses tableaux surréalistes à ses créations en orfèvrerie. Les incontournables sont là avec les montres molles de « La Persistance de la mémoire ». Les tigres rugissants et les éléphants aux jambes interminables du « Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une grenade, une seconde avant l’éveil » aussi.
Immersion totale
Magie de l’image animée, les toiles se mettent à bouger comme les éléphants qui déambulent lentement le long des parois. Cette immersion est accompagnée par une bande-son très psyché, composée de morceaux de Pink Floyd. Leurs rythmiques apportent un indéniable plus pour entrer dans l’imaginaire de Salvador Dalí.
Le visiteur est immergé dans ces tableaux en mouvement dont des détails apparaissent aussi sur les parois latérales. Il faut être à l’affût pour ne rien rater de la dynamique proposition audiovisuelle. Au milieu de l’exposition, l’artiste vient pointer les bouts de sa célèbre moustache. Il est question de son lien avec le 7e art. Et, notamment, sa plus célèbre collaboration : celle avec Luis Buñuel pour Un chien andalou, en 1929, dont il cosigna le scénario.
Antoni Gaudí en dessert
Les créations bigarrées du surréaliste peuvent aussi être admirées plus tranquillement sur les gradins situés au fond du quatrième bassin ou à l’intérieur de la Citerne, confortablement installé dans un pouf géant. Sur les pontons, la réverbération joue davantage sur la vision totale des œuvres. Elles sont partout autour de nous, se fragmentent, se recomposent, changent de couleurs, se contorsionnent dans une impressionnante chorégraphie picturale. Un jeu d’images qui entre en adéquation avec l’univers multiple de Dalí. Le show se clôture avec un bouquet final avant que le génie ne rentre de nouveau dans sa boîte.
Vient ensuite le tour de l’un des grands inspirateurs du peintre : Antoni Gaudí. Le travail de l’architecte donne de la couleur au gris des parois de la Base sous-marine. La création artistique de Cutback pour ce programme court se termine à Barcelone avec l’immanquable Sagrada Familia dont le chantier était tellement titanesque qu’il reste encore en cours aujourd’hui. Pour qui ne serait pas encore rassasié, l’espace d’exposition Le Cube propose deux autres expositions immersives créées par des artistes contemporains comprises dans le prix d’entrée. Pas sûr que Dalí aurait apprécié de devoir partager l’affiche, même s’il reste, de loin, le principal nom sur le programme.
Guillaume Fournier
Informations pratiques
« Dalí, l’énigme sans fin »,
jusqu’au dimanche 7 janvier 2024,
Bassins des Lumières, Bordeaux (33)
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