L’artiste Jofo investit l’Institut culturel Bernard Magrez avec « 35 Tours » : une exposition d’envergure qui retrace 35 années de carrière. Il expose aussi en parallèle sur la place Gambetta en soutien au peuple ukrainien.
Jofo débarque à l’Institut Bernard Magrez et compte bien y rester jusqu’au 24 septembre prochain. Près de 140 pièces se partagent les deux étages de l’hôtel particulier du XVIIIe siècle. Issues de la collection privée de l’artiste originaire de Dax, les œuvres dessinent un parcours chronologique qui débute dans les années 1980.
Jean-François Duplantier n’est pas encore Jofo, mais un jeune étudiant en architecture fraîchement débarqué à Bordeaux qui se nourrit de l’effervescence culturelle de l’époque. Celle-ci passe par la scène musicale underground aux expositions phares du CAPC qui fêtera cette année ses 50 ans. Dans l’ancien entrepôt Lainé, il découvre, médusé, Keith Haring pour sa première exposition personnelle dans un musée ainsi que les figures de proue de la figuration libre. Un mouvement né avec la décennie qui refuse toute frontière de genre et de valeur en empruntant aussi bien à la BD, la culture rock que les graffitis de rue.
Et Jofo inventa « Toto »
Avec l’art brut et son cousin le dessinateur Dominique Duplantier, ces découvertes exerceront une influence majeure sur le jeune homme. Dès lors, il choisit d’embrasser définitivement les arts plastiques aux dépens de l’architecture, dont il obtiendra malgré tout le diplôme en 1991.
À Bordeaux, les premières œuvres témoignent de cette métamorphose. Les cartons peints des débuts témoignent d’une attirance pour la culture punk. Le trait noir profilant des silhouettes désarticulées s’affine dans des compositions plus épurées, plus pop aussi.
En 1990, Jofo découvre au fond du grenier de la demeure familiale un vieux dessin réalisé à l’âge de 5 ans. Celui-ci figure un père Noël à la bouille enfantine. Un événement décisif puisqu’il fonde les prémices de son iconique « Toto » : un petit personnage enfantin aux yeux grands ouverts sur le monde qui initie une trajectoire où l’insouciance enfantine se mâtine de perplexité, de mélancolie et de gravité à la faveur des événements intimes ou des grands faits de l’actualité vécus ou captés par son auteur. Peintures, dessins, sculptures, photos et vidéo retracent cette carrière décomplexée.
18 dessins en soutien au peuple ukrainien
En parallèle, le prolifique artiste expose 18 affiches sur la place Gambetta toujours dans le port de la Lune. Des dessins, représentant des scènes de guerre, voulus comme un soutien au peuple ukrainien exposés en collaboration avec la ville de Bordeaux.
Une exposition baptisée « Bleu, jaune et liberté », visible jusqu’au 4 septembre. Retour ensuite à l’institut Bernard Magrez le 20 septembre. C’est à cette date que les dessins, en tirage unique et signée par Jofo, seront vendus lors d’une vente aux enchères. Les profits seront reversés à l’association Ukraine amitié.
Anna Maisonneuve
Informations pratiques
- « 35 Tours », Jofo,
jusqu’au dimanche 24 septembre,
Institut Culturel Bernard Magrez, Bordeaux (33). - « Bleu, jaune et liberté »,
jusqu’au 4 septembre, place Gambetta.
Vente aux enchères le mercredi 20 septembre à l’Institut Culturel Bernard Magrez