La Coursive, à La Rochelle, accueille Misericordia de la dramaturge italienne Emma Dante. Entre théâtre et danse, l’histoire de trois femmes qui prennent soin d’un orphelin handicapé dans un univers d’extrême pauvreté.
Emma Dante s’apprête à donner aux spectateurs de La Coursive lundi 22 et mardi 23 mai un avant-goût de ce que représente l’Enfer. Non celui de l’écrivain italien dont elle partage le patronyme. La metteuse en scène, qui est aussi réalisatrice, auteure et comédienne, place l’abîme au cœur d’un foyer atypique où l’amour se dégage pourtant partout, dans chaque geste, chaque parole prononcée.
Misericordia relate les aventures de trois prostituées veillant sur Arturo, un enfant handicapé. Pour lui, elles se vendent la nuit au plus offrant et, le jour, veillent à son épanouissement tout en tricotant.
« Misericordia est machine d’amour »
« Misericordia, pour moi, est une machine d’amour. Un lieu terrible, misérable, étroit ; mais où pourtant naît l’amour. C’est pour cela que nous avons choisi ce titre, parce que ce mot en italien est composé de deux éléments : la misère et le cœur », explique Emma Dante dans un entretien accordé au site du festival d’Avignon.
Cette misère est représentée par un dénuement quasi-total de décors. Une façon d’obliger le spectateur à se focaliser sur les acteurs. En particulier les trois mères d’adoption qui représentent trois regards sur la maternité, trois façons de s’occuper d’un enfant.
Un enfant quasiment mutique
Italia Carroccio, Manuela Lo Sicco et Leonarda Saffi, les trois comédiennes qui interprètent les mères d’adoption, font partie de la compagnie Sud Costa Occidentale, fondée en 1999 par Emma Dante. Installée à Palerme, la metteuse en scène est une figure du théâtre italien. Elle a conçu cette pièce dans un moment particulier de sa vie. En effet, elle venait juste d’adopter un enfant.
Simone Zambelli, qui joue le rôle d’Arturo, est quasiment mutique durant l’heure et quart de représentation. Ses envies, ses idées, ses émotions passent par ses gestes, ses danses, ses mouvements incontrôlés. Profonde et émouvante chorégraphie d’un corps qui se bat pour vivre.
Le plus beau mot du monde
Les femmes aussi jouent avec leur corps, se déshabillent pour pouvoir continuer à survivre, dansent pour célébrer les moments simples et heureux. Leurs voix s’entrechoquent lors des dialogues qui sont prononcés dans deux dialectes italiens, ceux de Sicile et des Pouilles. Le texte a été traduit par Juliane Regler et le surtitrage des scènes est assuré par Franco Vena.
Arturo finira lui aussi par parler, en clôture de la pièce. Un seul mot, émis du bout des lèvres, mais sûrement le plus beau mot du monde, celui qui vaut tous les sacrifices.
Guillaume Fournier
Informations pratiques
Misericordia, mise en scène d’Emma Dante,
lundi 22 mai, 20h30,
mardi 23 mai, 19h30,
La Coursive Théâtre Verdière, La Rochelle (17)
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