Une soirée post-punk revival avec le groupe Shame à la Rock School Barbey, jeudi 16 mars. Le quintet londonien revient chauffer à blanc la Rock School Barbey de Bordeaux, fort et fier de son nouveau brûlot Food for Worms.
✏️ Marc A. Bertin
⌛ 5 minutes
Retour en 2018, passage du groupe à Bordeaux
D’aucuns y songent encore avec nostalgie… En 2018, en formule « indie club », une bande de morveux anglais marquait durablement les esprits du public bordelais pensant contempler mollement la next big thing d’outre-Manche. Venu du sud de Londres, le groupe y défendait bec et ongles son premier album, Songs of Praise, certes hanté par une belle brochette de fantômes — de Gang of Four à Television Personalities en passant par leurs contemporains danois Iceage ou leurs consœurs bien énervées de Savages —, mais habité par une réelle urgence et une conscience sociale plutôt rare à cet âge-là.
Premier festival en France & premier single
À l’origine, rien de bien original ; un club des cinq né au lycée fomentant, dès 2014,son plan d’attaque. Et, comme en toute belle histoire, il faut un coup du destin. Une connexion familiale les conduit au Queen’s Head, pub dans son jus de Brixton, qui héberge les fabuleux Fat White Family. Autant dire que partager la scène avec eux mais aussi The Garden et Slaves, on ne peut rêver mieux dans le genre boot camp. Résultat, en 2016, Shame se retrouve à l’affiche du Pitchfork Music Festival de Paris !
La machine s’emballe : un premier single produit par Dan Foat et Nathan Boddy, puis surprenante signature, en 2017, chez Dead Oceans (Kevin Morby, Bill Fay, Toro Y Moi). Après une poignée de singles, Songs of Praise vient faire souffler une vitalité bienvenue, nullement dénuée de ce wit britannique, qui sauve ou transcende le tragique. En outre, le combo, parfaitement soudé, peut compter sur un chanteur, Charlie Steen, aussi charismatique que dévoué à son rôle de fantassin en première ligne.
Style et écriture, la maturité ?
2021, nullement assagi, Shame remet le couvert et élargit le cadre ; on devine que ses membres se sont ouverts au legs highlife nigérian, au groove d’ESG comme à la classe stratosphérique de Talking Heads. Produit par James Ford (batteur de Simian), Drunk Tank Pink fait état d’un dépassement de soi, évitant à la fois la malédiction du deuxième album et les ornières d’un genre rincé à souhait…
Cet hiver, Food for Worms apparaît en surface plus apaisé, toutefois, les héros ne sont pas fatigués. Ils prennent le temps de non seulement polir leur style, mais aussi d’approfondir leur écriture avec une attention digne d’un écrivain du quotidien. Preuve de la maturité à l’œuvre et d’une évidente clairvoyance, Shame a enregistré live en studio et Charlie Steen pris des cours de chant. A priori, pas une troupe de branleurs opportunistes, mais des musiciens partis pour écrire la B.O de leur génération.
Informations pratiques
Shame + They Hate Change
Jeudi 16 mars, 20h30
Rock School Barbey, Bordeaux