LA GRANDE TRIPLE ALLIANCE INTERNATIONALE DE L’EST. Attention événement au Confort Moderne, à Poitiers ! Projection, suivie d’un plateau Ventre de Biche et Colombey, du documentaire signé Nicolas Drolc et Guillaume Marietta et consacré à cette scène de l’underground majuscule qui a essaimé au-delà de l’Hexagone.
✏️ Marc Bertin
⌛7 minutes
C’est l’histoire d’un « organisme protéiforme, sans visage, chétif et paranoïaque » qui n’existe pas. Mais encore, mythe ou réalité ? Où commence la légende urbaine ? En Moselle, puis, par extension, à Strasbourg, Amiens, Lille, Marseille, puis la Belgique et l’Italie.
À l’origine, selon Nafi (Noir Boy George, Scorpion Violente, Bras Mort, Spectraal, Le Chômage, No Hope), tout a commencé ainsi. « Avec 5 ou 6 copains de lycée de Metz, on a rencontré Seb Normal et toute la clique de Strasbourg au tout début des années 2000. Au cours d’une soirée très arrosée, on a décidé de former un clan, un délire un peu sectaire marrant. La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est : on a trouvé que le nom claquait. On voulait un truc qui pétait plus haut que notre cul. »
Pour Seb Normal (The Feeling of Love, Delacave, Le Chômage), « fallait s’unir pour être un minimum reconnu dans les milieux dans lesquels on traînait. Partir en tournée, c’est un truc que je fais depuis 2003-2004 avec Crash Normal, mais c’était très compliqué. Nos projets ne branchaient pas trop les gens à l’époque ».
Depuis, la liste des formations défie la raison — Delacave, Scorpion Violente, Maria Violenza, Kania Tieffer, Noir Boy George, Plastobeton, Cheb Samir, Willy Tenia, A.H.Kraken, Télédétente 666, Ventre de Biche, Arnaud Marcaille, Le Chemin de la Honte, Usé, Junkie Brewster, Heimat, Cimetière de l’Est, The Dreams, Les Morts vont bien, Sida, Nina Harker, Colombey, Christophe Clébard, Holiday Inn, Régis Turner, ASS, Le Syndicat des Scorpions, Fanzine K7, 1 400 points de suture, The Anals, The Normals, Funk police, Le Sport — et a trouvé refuge sur poignées d’étiquettes intransigeantes (Teenage Menopause, Le Turc Mécanique, La Face Cachée, Born Bad, bruit direct).
Colombey ©DR 
Ventre de Biche
Voilà, une bonne blague — qui toutefois unit une bonne centaine de personnes oscillant entre musique, vidéo, peinture, dessin — désormais documentée par le réalisateur Nicolas Drolc (Sur les toits, La mort se mérite) et le musicien Guillaume Marietta (The Feeling of Love, A.H. Kraken, Marietta). Le duo a ainsi pendant un an collecté et trié une avalanche d’archives, d’entretiens et de captations live afin deremonter le fil d’une sinueuse histoire entre legs punk DIY, énergie du désespoir,conscience sociale aiguë, apolitisme, provoc’, autoproduction, sentiment d’appartenance à une communauté d’artistes préférant la marge et une certaine clandestinité. Et qui, détail plus que remarquable, n’a jamais abouti à la création du moindre label.
Après projection, action ! Avec, d’un côté, le neveu de Fabio Viscogliosi, Ventre de Biche, héraut strasbourgeois du synthé pute désormais néo-sévillan, et, de l’autre, Colombey, entité punk, sale et mélancolique de TG Gondard, fan hardcore de Jean-Luc Le Ténia. Une soirée. Une vraie.
Informations pratiques
La Grande Triple Alliance Internationale de l’Est
Un film de Nicolas Drolc & Guillaume Marietta (2022 – 92 minutes)
Ventre de Biche + Colombey
Samedi 25 février, 20h30, Le Confort Moderne, Poitier