SHOREBREAKER – Sur la côte landaise, ce studio n’est pas une guest house pour surfeurs, en dépit des apparences. C’est un lieu de résidence et de travail pour les artistes du cru (Petit Fantôme ou Willis Drummond) . Et avant tout un pôle d’enregistrement où le réalisateur Johannes Buff aime à élaborer un son pop, élégant et iodé.

✏️ Guillaume Gwardeath 
⌛10 minutes

Prémices et genèse du studio avec Johannes Buff

Shorebreaker : le nom fait référence aux vagues de bord caractéristiques de la plage du Métro voisine. Nous sommes à Tarnos, c’est-à-dire l’extrémité sud du département des Landes, en suivant le littoral. Le studio est à peine caché derrière quelques pins, dans la villa d’un lotissement peuplé de retraités, où la tranquillité du rythme de vie est encore plus flagrante hors saison. « Quand les groupes me demandent comment cela va se passer, je détends directement l’atmosphère. Ici, c’est à la coule. » Johannes Buff annonce la méthode.

« Pas de producteur stressé. Pas de musiciens crispés. Au final, on bosse bien mieux. »

Johannes Buff

Animateur du lieu, Johannes Buff est né à Dax et a vécu son « épiphanie adolescente » dans les réseaux communautaires basques. Coiffeur de métier, il quitte la région au début des années 2000 pour négocier les zigzags d’une nouvelle vie.

À Grenoble, il se met à pousser les boutons lors des concerts organisés par la radio universitaire, puis se retrouve embauché comme roadie, régisseur et sonorisateur de groupes français et internationaux en tournées européennes. Il conduit le van, fait le son et coupe les cheveux de tout le monde ! Il devient le couteau suisse d’Herman Düne, Zombie Zombie, Civil Civic, Dälek ou encore Lee Ranaldo et Thurston Moore qu’il rejoint juste après la séparation de Sonic Youth

La vie en tournée contient les germes du burn out, mais Johannes anticipe la crise et s’installe en 2017 à Bayonne, avec le projet d’ouvrir son studio, grâce au soutien de partenaires aussi fidèles que discrets, comme Romain Camo du groupe Astral Conversations. Il débute en appartement, puis déniche la maison idéale, humble mais fonctionnelle, au sous-sol, un plafond assez haut pour pouvoir y monter le caisson de prises.

Rencontres et créativité en studio

Bilan d’étape : la moitié du carnet de commandes remplie par des projets locaux, y compris les musiques traditionnelles, et pour l’autre moitié, grâce à un bon bouche à oreille. Toutes ces années en tournée et les bons retours d’expérience avec les musiciens ont porté leurs fruits. Des dizaines d’albums ont déjà été enregistrés, dont ceux de La Compagnie des musiques télescopiques (Bayonne), Blick Bassy (Libourne), Équipe de Foot (Bordeaux), Képa (Tarnos) ou de Park, le projet réunissant Lysistrata (Poitiers) et le néo-local François Marry de The Atlas Mountains

La table de mixage est placée dans le salon qui s’ouvre sur la terrasse. Johannes voit passer les visiteurs, tels que les musiciens voisins Botibol ou Petit Fantôme qui débarquent y compris au beau milieu des séances de production et donnent leur avis. « Les musiciens qui viennent enregistrer ici trouvent ça agréable et rassurant, assure Johannes Buff. Ici, tu n’es pas tout seul, enfermé dans ton donjon. »

« Si on arrive à assumer une idée devant les gens, c’est signe qu’on est dans la bonne direction ! »

Pierre Loustaunau

Pierre Loustaunau, alias Petit Fantôme (qui a installé ici son propre studio et est devenu le binôme de Johannes en qualité de réalisateur artistique). L’ingénieur du son hôte de Shorebreaker cultive ces rencontres accélératrices de créativité : « J’espère toujours qu’un solo pourra être posé par un ami qui était juste passé pour prendre
un café. C’est rare, mais cela arrive de temps en temps. »

Sélection album : Willis Drummond, Hala Ere (Tabula Rasa)

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Album Hala Ere par Willis Drummond

« Avec Johannes, on se suit depuis le début », raconte Xan Bidegain, souriant bassiste-chanteur du groupe de rock basque Willis Drummond. « On a commencé à faire des groupes quand il a commencé à faire du son. Il comprend bien nos orientations et nous fait aller au-delà de nos mécanismes. » Partie prenante du montage financier et y bénéficiant d’un statut exceptionnel de groupe résident, Willis Drummond vit à Shorebreaker, d’après Xan, « le rêve que l’on avait quand on était plus jeunes : avoir accès à un studio pro pour pouvoir y répéter et y composer dans des conditions de son très agréables, le van toujours prêt à être chargé ou déchargé… »

Entièrement réalisé, enregistré et mixé par Johannes Buff au studio Shorebreaker, le huitième album de Willis Drummond est sorti au mois de novembre sur Tabula Rasa, le propre label du groupe.

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