ÉCLATS D’ÉMAIL. La grand-messe du jazz mais pas que revient comme chaque automne, à Limoges, avec son lot de légendes, de valeurs sûres et de découvertes.
Loin du jazz « à la papa » et des esthétiques confites dans la naphtaline, le rendez- vous limougeaud, initié par Jean-Michel Leygonie, patron de l’étiquette de qualité Laborie Jazz, s’est imposé en Nouvelle-Aquitaine comme l’incontournable du genre grâce à une programmation tous azimuts, mais jamais dénuée de sens, ne sacrifiant pas forcément au goût du jour et autres tocades qui enterrent un peu plus le style.
Preuve en est le retour de Ron Carter, 85 ans, fringant comme jamais, sur la scène de l’Opéra. Le mythe est désormais un habitué de la capitale de la Haute-Vienne – à quand les clefs de la ville ? On parle tout de même d’un monument, entré dans la carrière en 1961, qui fut LE sideman de Miles Davis (période second quintet des années 1960), mais aussi de Chico Hamilton (avec un certain Eric Dolphy), Don Ellis, Thelonious Monk, Cannonball Adderley… sans omettre une discographie hallucinante où l’on croise aussi bien Jim Hall qu’Helen Merrill. Et si cela n’était pas suffisant le dandy contrebassiste, violoniste de formation, fut aussi membre de quelques modestes orchestres – New York Jazz Sextet ; New York Jazz Quartet ; V.S.O.P ; Milestone Jazzstars – et fit une apparition dans Round Midnight de Bertrand Tavernier. Autant dire que la soirée « Foursight » en quartet (Donald Vega, piano, Donald Harrison, saxophone, et Payton Crossley, batterie) a comme un goût de Carnegie Hall. Be there or be square comme on dit au pays de la Liberté…
Si le menu serait trop fastidieux – nonobstant sa très haute qualité – à détailler, noter d’urgence la création Zoom Zemmatt, conjuguant les talents de Mangane et d’Alune Wade avec la participation de Valérie Belinga (chant), Carlos Sarduy (trompette) et Hugues Mayot (saxophones).
Du côté des régionaux de l’étape : Gilles Puyfages et Gaël Rouilhac en duo accordéon guitare ; la machine à groove The Dustaphonics ; D.O.T, trio lauréat du tremplin Action Jazz 2021 ; Jean Marc Taboury en quintet pour une relecture amoureuse du répertoire bop des années 1950.
Enfin, un gros coup de cœur pour Derrière les paupières, premier format long mais en trio de la pianiste Madeleine Cazenave flanquée ici de Sylvain Didou (contrebasse) et de Boris Louvet (batterie). Satie, Ravel, Nina Simone, Chick Corea, Tigran Hamasyan, E.S.T ou Gogo Penguin dans le même bateau, heureusement personne ne tombe à l’eau. Au Théâtre de l’Union, il y aura des frissons.
✍️ Marc A. Bertin
Éclats d’Émail
Du jeudi 17 au dimanche 27 novembre, Limoges (87)