À Bordeaux, du 7 au 13 novembre, la 8e édition du festival international de documentaires musicaux présente 30 merveilles, sous différents thèmes. L’une d’elle, Fanzinat, retrace la passion et l’histoire des fanzines en France.
Comme Despentes s’honore de préfacer Les Thugs, certains se flattent de débuts dans le fanzinat, sans l’avoir quitté : micro-édition + assimilés, par choix DIY. Ce que Fanzinat montre par tous les bouts, du rock aux footeux, en passant par ciné, BD, SF : chacun peut le faire. Marsu Bérurier Noir : « pour exister, faire parler de ce qui t’intéresse, tu uses des moyens à ta dispo. Avant même de faire des labels, les zines étaient une évidence : les médias ne s’intéressaient strictement pas à nous. Il y a une connexion évidente entre médias alternatifs et contre-culture, y compris en se définissant politiquement ». S. Étienne : « c’est ainsi qu’en 76/77, le punk dit “action !”, parlez de ce que vous aimez, rencontrez les groupes que vous voyez… ce qui va se répandre partout, jusqu’aux débats sur le féminisme, le genre… depuis deux décennies déjà, dans les fanzines, lieu de maturation de ces questions ».
Revue amateur à caractère spé, venue de l’underground, des marges et de la débrouille, elle va plus que déborder… de l’egozine au graphisme extrême, en passant par les pratiques déviantes, cet artisanat se réinvente sans cesse, de l’anodin à l’obsession, avec hauts feelings & huile de coude. Cela démarre en 1930, aux States, avec The Comet, bulletin de club SF, passe en Europe par la fantasy, les fan-clubs rock’n’roll 50-60, les publications pour collectionneurs BD au début des sixties, jusqu’au Schtroumpfanzine du futur éditeur Glénat, en fin de décennie. Presse militante et lycéenne en 1968 avec, début seventies, profusion de publications Indés & Contest’ & Provoc’. Reconnaissance au salon de la BD en 82, ouverture de la Fanzinothèque en 89 : parmi la parallèle press, le zine devient matière à conserver. On veut faire valoir sa culture, la parole revient à l’info alterno, jusqu’à l’aventure BD 90s de L’Association, sans comparaison.
Les témoins concernés se nomment Gwardeath, co-auteur et réalisateur du film, Frank “violence” Frejnik, Thomas “Rock Sound” VDB (lire notre entretien avec Thomas VDB), un Burning Heads. On retrouve Marie & Didier Bourgoin fondateur de la Fanzinothèque, Coxs bibliothécaire activiste, les illustrateurs Freak City, Moolinex, le plasticien Pakito Bolino : «voilà le meilleur moyen pour contrôler l’intensité du propos, la réalisation et le résultat ! » ; l’essayiste Thiellement « le zine est un poisson qu’on a pêché, pas acheté chez le poissonnier. C’est sortir des stéréotypes, pour une vie spéciale ». Pour Bursty 2 Brazza, « acheter un zine rap était acte politique, faire partie du mouvement. Enfin on écoute ce que la masse n’écoute pas, on déniche l’introuvable, au ton authentique et street du fanzinat ». D’autres se découvrent pareillement passeurs, stimulants et habités. Une galerie trempée de sacrées bonnes bouilles, dans un foisonnement d’infos pertinentes, aux titres ahurissants de joie à la revoyure des couvertures qui défilent… de Snuiffin’glue au Dernier Cri, liberté pure : fanzinofornication-rebelle-action, plutôt mille fois qu’une.
✍️ Patrick Scarzello
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Musical Écran
Du lundi 7 au dimanche 13 novembre, Bordeaux (33)
www.bordeauxrock.com
Fanzinat : Passion et histoires des fanzines en France
Lundi 7 novembre, 18h30, Théâtre L’Inox, Bordeaux – 22h, Théâtre Molière, Bordeaux (33)
Mardi 8 novembre, 21h, Le Dietrich, Poitiers (86). le-dietrich.fr
Dimanche 20 novembre, 18h, Le Paradis, Périgueux (24). concert Pit Samprass. theatre-leparadis.org
Vendredi 9 décembre, 20h30, Le Zoetrope, Blaye (33). www.cineode.fr/le-zoetrope/
Samedi 10 et dimanche 11 décembre, Livres en Citadelle, Blaye (33). preface-blaye.fr