ESPACE JÉLIOTE – JUNKPAGE évoque toujours, en novembre, la salle d’Oloron-Sainte-Marie, pour son festival de marionnettes. Cette saison, prenons de l’avance pour parler aussi de sa labellisation (en cours) « centre national de la marionnette » et de son nouvel atelier-laboratoire.
La labellisation de la culture orchestrée par le ministère ne date pas d’hier. Il y avait déjà CDN, CCN, CNAR et autres SMAC, qui encadraient théâtre, danse, arts de la rue, musiques actuelles. Les arts de la marionnette manquaient à l’appel. C’est chose faite depuis novembre 2021. Le CNMa — acronyme à peu près imprononçable — est apparu comme nouvelle médaille à accrocher à des théâtres spécialisés. Et l’espace Jéliote d’Oloron-Sainte-Marie en a tout naturellement fait partie, lui qui, depuis 2010, accorde une place particulière aux arts de la marionnette, qui, rappelons-le, ne sont plus depuis longtemps l’apanage du jeune public.
Encore en préfiguration (mais tout est en place depuis plusieurs mois), le théâtre pluridisciplinaire du Haut-Béarn en ressort mieux doté financièrement, plus étoffé en terme de personnel (deux recrues au printemps) et mieux équipé pour les résidences d’artistes. D’ailleurs l’ouverture de saison les 16 et 17 septembre derniers a célébré l’arrivée d’un nouvel outil tout neuf : un atelier de création que le public a pu visiter avec des commentaires d’artistes sur les dessous de la fabrication des marionnettes. Champagne pour tout le monde (pour de vrai !). « On l’attendait depuis tellement longtemps ! On voulait le fêter dignement », précise Jackie Challa, directrice de l’espace Jéliote depuis des décennies et architecte de la labellisation. « Grâce à cette candidature, nous avons été soutenus financièrement pour créer cet atelier, qui a été imaginé et conçu par Serge Boulier, un marionnettiste breton, mais aussi des hébergements pour les artistes en résidence. » Espace de création et de fabrication, l’atelier accueillera aussi de la formation continue, des stages, complétant la scène de 400 places et la chapelle, plus intime, dédiée au jeune public.
C’est Pier Porcheron, de la compagnie Elvis Alatac, associé à l’espace Jéliote depuis 2017, qui étrennera ce nouvel espace pour peaufiner sa dernière création Un homme à abattre, thriller lynchien pour de rire, peaufiné dans l’atelier avant sa programmation dans Au fil de la marionnette. Ce temps fort de trois semaines, en novembre, fait la part belle à la création, et fait écho à toute la pluralité des arts de la marionnette, tirant vers le théâtre, les arts plastiques, la danse ou le cirque. Emmanuel Audibert, de la compagnie 36 du mois, est de cette trempe-là. Touche- à-tout, éclectique, imprévisible. En plus de présenter Mise à nu, duo hybride et truculent entre un homme et un singe-peluche, il aura droit à une exposition « Variations » pendant le festival. « Emmanuel est musicien, électronicien, artiste mécano, il a été circassien. C’est un artiste qui a tellement de cordes à son arc qu’on
a eu envie de lui consacrer une exposition pour montrer toute la variété des objets qu’il fabrique », note Jackie Challa.
En attendant novembre, c’est le fameux Bal marionnettique de la compagnie Les Anges au Plafond qui ouvrira le mois d’octobre par un spectacle participatif et coloré, avec orchestre mexicain et costumes virevoltants où chacun est invité à se lancer sur la piste.
✍️ Stéphanie Pichon
Le Bal marionnettique, Compagnie Les Anges au Plafond, mardi 4 octobre, 20h30
Au fil de la marionnette, temps fort, du mardi 8 novembre au samedi 3 décembre
Espace Jéliote, Oloron-Sainte-Marie (64)
En savoir plus